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L'impact des écrans sur la fluence en lecture des enfants : comprendre et agir

La fluence en lecture est un enjeu crucial pour les enfants en âge scolaire, mais de plus en plus d'enseignants et de parents constatent une baisse des compétences de lecture chez les élèves. Les enfants lisent moins vite, comprennent moins bien ce qu'ils lisent et manquent souvent de vocabulaire. Ce problème est accentué par des résultats souvent en deçà des attentes de l'Éducation Nationale. Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai échangé avec plusieurs enseignants et le constat est le même : la fluence en lecture des enfants est en déclin. Ils observent une difficulté croissante à lire rapidement et à comprendre les textes, accompagnée d'un vocabulaire limité. Cette tendance est préoccupante et reflète un problème de fond dans notre société actuelle.


 
Qu'est-ce que la fluence en lecture?

La fluence en lecture est la capacité de lire un texte de manière précise, rapide et avec une bonne expression orale. Elle se compose de trois éléments principaux :

  1. Précision : Lire les mots correctement sans erreurs.

  2. Vitesse : Lire à un rythme approprié, ni trop lent ni trop rapide, permettant une bonne compréhension du texte.

  3. Expression : Lire avec une intonation et une prosodie appropriées, reflétant les nuances du texte et facilitant la compréhension.


La situation actuelle en France

En France, les compétences en lecture des élèves ont connu un déclin préoccupant au cours des dernières décennies. Les évaluations nationales et internationales, comme les enquêtes PISA (Programme for International Student Assessment) de l'OCDE, montrent que les élèves français se situent souvent en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE en termes de compétences en lecture.


Selon les résultats PISA 2018, environ 21% des élèves français de 15 ans ont un niveau de compétence en lecture considéré comme faible, ce qui signifie qu'ils ont du mal à comprendre et à interpréter des textes de difficulté modérée. De plus, seulement 9% des élèves français atteignent un niveau de compétence avancé en lecture, comparé à une moyenne de 13% dans les pays de l'OCDE.


Les attentes en matière de fluence

Pour évaluer la fluence en lecture, une mesure couramment utilisée est le nombre de mots corrects lus par minute (MCLM). Les attentes varient selon les niveaux scolaires :

  1. CP (6-7 ans) : À la fin de l'année, un enfant devrait être capable de lire environ 30-60 mots par minute.

  2. CE1 (7-8 ans) : Les élèves devraient lire entre 60 et 90 mots par minute.

  3. CE2 (8-9 ans) : Les attentes sont de l'ordre de 90-120 mots par minute.

  4. CM1 (9-10 ans) : Les enfants devraient lire entre 120 et 140 mots par minute.

  5. CM2 (10-11 ans) : Les élèves devraient viser une fluence de 140-160 mots par minute.


Ces normes permettent de s'assurer que les enfants développent des compétences de lecture suffisantes pour comprendre les textes qu'ils lisent.



 

Un répertoire de mots insuffisant

Alain Bentolila, chercheur et linguiste à l'Université de Paris Cité, souligne que dès l'âge de six ans, un enfant devrait posséder un répertoire d'environ 2000 mots oraux. Ce vocabulaire permet à l'enfant de comprendre ce qu'il lit une fois qu'il a appris à déchiffrer les mots. Malheureusement, beaucoup d'enfants n'atteignent pas ce niveau. Michel Desmurget, docteur en neurosciences, explique que les enfants qui arrivent à la maternelle peuvent avoir un vocabulaire variant entre 400 et 1200 mots, ce qui crée des disparités significatives dès le départ.


L'impact des écrans

Les écrans font désormais partie intégrante de nos vies, surtout depuis la période de confinement liée à la pandémie de Covid-19 où tous nos enfants se sont retrouvés avec des écrans entre les mains. C'est un fait sur lequel on ne peut revenir. Les écrans peuvent avoir des bienfaits, comme l'accès à des contenus éducatifs de qualité et le développement de certaines compétences technologiques. Par exemple, jouer à des jeux vidéo en famille, comme Just Dance, Mario Wonder, ou Mario Kart, peut créer des moments de partage et de complicité. Ces activités peuvent être positives lorsqu'elles sont bien encadrées : sur un temps limité, pas le soir, et principalement le week-end.

Cependant, leur utilisation excessive nuit au développement langagier et à la fluence en lecture. Les études montrent que les programmes scolaires n'enseignent qu'une fraction du langage acquis en dehors de l'école, et les enfants qui passent beaucoup de temps devant les écrans ont moins d'occasions de développer leur vocabulaire et leurs compétences en lecture.

Il ne s'agit donc pas de proscrire les écrans, mais plutôt d'adapter et d'accompagner leur usage pour ne garder que leurs bénéfices. En tant que parents et éducateurs, nous avons la responsabilité sociétale de guider les enfants pour qu'ils tirent le meilleur parti des écrans tout en minimisant leurs effets négatifs.


Une problématique de santé publique

Ce phénomène est désormais reconnu comme un problème de santé publique. Contrairement à l'avis de la psychologue Caroline Goldman, qui tente de dédiaboliser les écrans en expliquant qu'elle laissait ses enfants devant la télévision pendant 1h30 après l'école pour se reposer, il est prouvé que l'usage excessif des écrans entraîne des risques d'addiction, peu importe l'éducation prodiguée. De plus, regarder des écrans peut sembler reposant à certains parents ou enfants parce que cela ne demande pas beaucoup d'effort mental ou physique actif. Les contenus vidéo ou les jeux peuvent captiver l'attention sans nécessiter de participation active, offrant ainsi une forme de détente passive. Cependant, ce type de repos est souvent superficiel et ne favorise pas une relaxation profonde ni le développement cognitif, contrairement à des activités comme la lecture, le jeu en plein air ou les interactions sociales directes. Des études montrent que l'utilisation prolongée des écrans peut entraîner de la fatigue visuelle et des troubles du sommeil*. Des études montrent que l'addiction aux écrans est un phénomène réel et préoccupant. Par exemple, une enquête réalisée par Common Sense Media indique que 50% des adolescents se sentent dépendants de leurs appareils mobiles, et une étude du Journal of the American Medical Association (JAMA) montre un lien entre le temps passé sur les écrans et les symptômes de dépendance.


Plus récemment, le département de Seine-et-Marne a produit un documentaire intitulé "Trop d'écrans, nos vies en suspens", qui explore cette problématique. Le film met en lumière les témoignages de jeunes passant jusqu'à 15 heures par jour sur leurs écrans et les conséquences sur leur développement. Il est évident que pour absorber l'allongement des loisirs numériques, les enfants prennent du temps sur des activités essentielles comme la lecture et le sommeil.




L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande d'ailleurs de limiter le temps passé devant les écrans pour les enfants. Selon l'OMS, les enfants âgés de 2 à 5 ans ne devraient pas passer plus d'une heure par jour devant un écran, et il est conseillé d'éviter totalement les écrans pour les enfants de moins de 2 ans. Il est important de noter que ces recommandations ne signifient pas qu'un enfant sera gravement affecté s'il aperçoit brièvement un écran. L'objectif est d'encourager une utilisation modérée et encadrée des écrans pour éviter les effets négatifs à long terme.


Comment réagir ?

Il est crucial que les parents prennent conscience de l'impact des écrans sur la fluence en lecture de leurs enfants (mais pas que !). Voici quelques stratégies pour réduire cet impact et encourager la lecture :


  1. Limiter le temps d'écran : Fixez des limites claires sur le temps passé devant les écrans. Encouragez des activités alternatives comme la lecture, les jeux de société et les activités en plein air.

  2. Encourager la lecture quotidienne : Incitez votre enfant à lire chaque jour. Créez un environnement propice à la lecture avec un coin lecture confortable et une variété de livres adaptés à son âge et à ses intérêts. Faites bien la distinction entre les bandes dessinées et les livres. Les BD peuvent être une porte d'entrée vers la lecture, mais elles ne remplacent pas la richesse lexicale et la complexité syntaxique des livres traditionnels.

  3. Enrichir le vocabulaire : Parlez régulièrement avec votre enfant pour enrichir son vocabulaire. Lisez ensemble des livres et discutez-en. Utilisez des jeux de mots et des activités ludiques pour apprendre de nouveaux mots.

  4. Participer à des ateliers et consultations : Envisagez des séances de coaching personnalisées pour évaluer et améliorer les compétences de lecture de votre enfant. Les consultations peuvent offrir des stratégies adaptées à ses besoins spécifiques.


En comprenant et en agissant sur l'impact des écrans, nous pouvons aider nos enfants à améliorer leur fluence en lecture et à développer des compétences langagières solides. Depuis les années 1960, nous observons un déclin constant des compétences en lecture, avec des attentes nationales de plus en plus difficiles à atteindre pour de nombreux élèves. Pour des conseils personnalisés et des solutions adaptées à votre famille, n'hésitez pas à prendre rendez-vous avec un professionnel en psychopédagogie positive.


*Par exemple, une étude de l'American Optometric Association indique que l'utilisation prolongée des écrans peut provoquer des symptômes de fatigue oculaire numérique, et des recherches publiées dans le Journal of Clinical Sleep Medicine montrent que l'exposition aux écrans avant le coucher peut perturber le sommeil des enfants

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